Le malentendu laïc

Publié le par Steven Dutartre

La laïcité est une vache sacrée de la République, elle fait partie des symboles qu’il ne viendrait à l’idée de personne de remettre en cause… et pourtant c’est le cas de l’essentiel de ceux qui affirment aujourd’hui la défendre. Ce principe est sans cesse mobilisé dans les affaires les plus diverses, qu’il s’agisse des menus dans les cantines scolaires, des soins à l’hôpital, l’enseignement à l’école… En droit, le principe de laïcité se décline essentiellement en deux branches : la plus connue qui est la séparation des Églises et de l’État, qui implique donc la neutralité des pouvoirs publics à l’égard des religions, neutralité qui est étendue aux agents publics et même aux agents d’organismes privés assurant des missions de service public (Cour de cassation, chambre sociale, 19 mars 2013, CPAM de la Seine-Saint-Denis) et qui permet l’autonomie des pouvoirs publics vis-à-vis du pouvoir religieux. Il convient de préciser que le subventionnement public d’un organisme de droit privé qui n’est pas chargé d’une mission de service public n’étend pas le principe de neutralité à cette structure mais si l’on devait persister dans cette voie, on devrait donc imposer le principe de laïcité au moindre club de bridge ou de scrabble bénéficiant de subventions communales ! L’autre branche, moins connue celle-ci, mais pourtant tout aussi importante, est l’obligation qui pèse sur la République d’assurer la liberté de conscience et de garantir la liberté de culte.

On peut constater qu’il n’existe aucune disposition générale boutant l’expression d’une appartenance religieuse des citoyens - ni même des usagers des services publics - hors de l’espace public. Pourtant, à lire certains défenseurs de laïcité aujourd’hui, on pourrait en douter. La réalité est simple : la République, et donc son « bras armé » collectif, à savoir l’État, ne dispose d’aucune arme en droit pour combattre le fait religieux dans la société, comme le rappellent Vincent Valentin et Stéphanie Hennette-Vauchez dans « L’affaire Baby Loup ou la Nouvelle Laïcité » (LGDJ, 2014). Ceux qui prétendent que la laïcité implique l’absence - dans une vision maximaliste - ou tout du moins la discrétion de l’expression religieuse dans l’espace public commettent un contresens majeur, il est vrai alimenté par l’imaginaire, surtout à gauche, d’une République devant émanciper de manière coercitive les citoyens de leurs croyances archaïques. Mais comment cela pourrait-il être conciliable avec l’obligation pesant sur elle d’assurer la liberté de conscience et de garantir la liberté de culte comme affirmé à l’article 1er de la loi de 1905 ? La seule limitation de la liberté religieuse admise par nos textes est celle de la traditionnelle préservation de l’ordre public. Encore faut-il que le juge ne soit pas amené à étendre cette notion de manière arbitraire comme il a pu le faire dans des affaires ne concernant pas la laïcité (voir notamment l’affaire dite du « lancer de nain » en 1995, ou plus récemment l’affaire Dieudonné en 2014).

Si après ce rappel des principales dispositions de la loi de 1905, il reste encore des sceptiques, il est également possible de se placer sur le terrain historique et de l’observation, ce qui permettra de balayer certains arguments des tenants d’une laïcité « prohibitive ». On peut le constater au quotidien, pour peu qu’on fasse l’effort de le voir ou de l’entendre, la religion reste encore très présente dans l’espace public (sans même évoquer le régime dérogatoire qui persiste en Alsace-Moselle ou dans certains territoires dOutre-Mer). On citera notamment le son des cloches des églises dans nos communes mais également les manifestations religieuses sur la voie publique à l’occasion de certaines fêtes. On n’oubliera pas non plus de rappeler que des religieux, au nombre desquels l’abbé Pierre1, ont siégé sur les bancs du Parlement après l’entrée en vigueur de la loi de 1905, le chanoine Kir présida même la séance inaugurale de l’Assemblée nationale en 1958 en soutane !2 On peut aussi rappeler que la République a su être conciliante avec les cultes chrétiens puisque, aujourd’hui encore, l’essentiel de nos jours fériés est d’origine religieuse et que, lorsque l’enseignement a été rendu laïc par Jules Ferry, un jour a été laissé à disposition des familles pour que les enfants puissent suivre le catéchisme en dehors du cadre scolaire3. Ne peut-on pas parler d’accommodements raisonnables avant l’heure ? Il est vrai toutefois que la situation concernait la majorité de la population alors qu’aujourd’hui il est plutôt question de minorités mais la loi du nombre est-elle opposable dans la logique des droits fondamentaux ? Il est aussi vrai que l’argument historique mis en avant par une partie de la droite pose moins de problème dans la mesure où l’égalité n’est pas franchement sa valeur phare et qu’elle peut donc placer, dans une perspective identitaire, les religions chrétiennes - et juive après que l’antijudaïsme n’a plus été une opinion admise au sortir de la seconde guerre mondiale - sur un piédestal au nom d’une « France éternelle » (ou quasi, pour la raison évoquée précédemment) mais à gauche cela est déjà plus surprenant.

Tout cela n’interdit naturellement pas la critique de la religion et affirmer que la laïcité n’est pas punitive ou prohibitive ne signifie pas pour autant défendre les valeurs religieuses. Il s’agit juste de rappeler que ce principe libéral permet à tout le monde d’exprimer sa liberté de croire ou de ne pas croire en public ou en privé - en dehors des cas bien limités – pourvu que cela n’empiète pas sur la liberté des uns et des autres. À cette enseigne, si le port du voile par une femme peut choquer des personnes dans l’espace public, cela n’entraine la violation d’aucune de leurs libertés (étant entendu qu’il n’y a pas de liberté consacrant la neutralité de l’espace public des religions sans que cela ne puisse porter atteinte à la liberté de religion). En revanche, si des personnes affichant ouvertement leurs convictions religieuses, font activement pression pour contraindre les autres, il y a là une atteinte et c’est dans ce cas que la puissance publique doit protéger les personnes agressées. Si certaines manifestations radicales de religiosité peuvent être contraires aux principes qui régissent la vie en société en tant qu’elles sont des agressions concrètes et non uniquement symboliques, l’État est là pour y pourvoir et la protéger. Mais le malentendu se situe précisément ici : car ce n’est pas parce qu’il existe des pressions religieuses et communautaires (ce qui n’a rien de spécifique à la religion musulmane du reste, pour peu qu’on fasse l’effort d’en convenir) qu’on peut en déduire que toutes les femmes musulmanes portant le voile le font sous cette pression. L’idée qu’une femme puisse se voiler volontairement peut sans doute déranger certaines personnes, mais faire comme si cela n’était pas envisageable c’est tout simplement nier le droit de ces femmes à disposer de leur corps et de leur conscience en tant que cela ne cause aucun trouble à l’ordre public.

Dans l’instrumentalisation de la question du droit des femmes, soulevée dans le livre de Vincent Valentin et Stéphanie Hennette-Vauchez, les exemples ne manquent pas pour illustrer les affirmations contestables liant laïcité et droits des femmes. On peut également citer Jean Baubérot4, selon qui le delta entre le vote des hommes acquis au milieu du 19e siècle et le vote des femmes, acquis au milieu du 20e siècle, n’est sans doute pas étranger à une certaine conception selon laquelle les femmes étant soumises aux pressions de l’Église, il ne fallait pas leur permettre de participer aux affaires de la République. Dans une certaine mesure, cet épisode de la femme soumise au pouvoir religieux est remis au goût du jour avec la femme musulmane voilée qui, subissant la pression encore une fois, ne serait pas assez émancipée pour participer à la République. Cela est d’ailleurs manifeste dans le débat public, où les femmes musulmanes affirmant porter le voile par un choix individuel sont quasiment absentes tandis que l’on entend toujours les mêmes acteurs comme Elisabeth Badinter, Caroline Fourest ou alors des femmes musulmanes refusant le voile, présentées comme émancipées donc « républicaines ». En définitive, la laïcité de 1905 - loin de l’image dÉpinal féministe - a su s’accommoder avec l’inégalité entre les hommes et les femmes jusqu’à très tardivement et il reste encore à faire si on en juge notamment par la différence de salaires qui persiste. Il est sans doute plus facile de s’attaquer à un symbole religieux qu’à une réalité sociologique autrement plus déterminante pour la condition féminine.

Venons-en à la vraie question, celle qui n’est pas assumée, la question musulmane. L’islam, en tant que religion présente en France n’a pas moins le droit de cité qu’un autre culte. Le culte juif pour faire une analogie avec une autre situation minoritaire - non par car les juifs auraient davantage de droits selon l’antienne complotiste antijuive traditionnelle mais parce que son communautarisme, qui ne se confond pas - faut-il le rappeler - avec toutes les personnes pouvant se réclamer d’une manière ou d’une autre du judaïsme - est installé de longue date (comment pourrait-on reprocher à des gens qui ont subi le rejet pendant longtemps, de se rassembler sur une caractéristique identitaire ?) et semble ne pas déranger contrairement à la visibilité des musulmans « d’apparence ». Sans doute la question démographique n’est pas étrangère et l’on peut se référer au travail de déconstruction effectué par Raphaël Liogier dans « Le mythe de l’islamisation » (Seuil, 2012) mais il s’agit là d’un terrain rationnel que beaucoup ont hélas quitté pour s’enfermer dans une certaine paranoïa. Pas moins de droit de cité car sa présence sur le territoire est plus récente (et dans cette optique la présence de l’islam en France est même plus ancienne que le recours à une immigration maghrébine dans la seconde partie du 20e siècle). Si cette religion a pendant longtemps été celle de l’étranger, elle est aujourd’hui une religion de nationaux, lesquels nationaux n’ont aucune raison de faire profil bas comme ont pu le faire les premières générations d’immigrés invitées à une certaine discrétion. Aujourd’hui, l’islam est une réalité française qui se distingue des fantasmes et de la complexité qu’on peut observer à l’étranger. Il n’y a pas un bloc musulman qui irait de l’Arabie saoudite en passant par l’Iran et l’État islamique et qui aboutirait dans la Seine-Saint-Denis, et il convient de démonter l’argument selon lequel « chez eux » il n’y aurait pas de liberté religieuse pour les non musulmans (très simpliste au demeurant), ce qui justifierait qu’en retour « chez nous » l’on porte atteinte à la liberté de culte des musulmans car les musulmans sont aussi « chez eux » « chez nous » dans la mesure où « eux » peuvent faire partie de « nous » et le refuser ne peut conduire qu’à des impasses du point de vue des valeurs républicaines : dans le moins pire des cas, un « apartheid soft » pour reprendre un concept à la mode et au pire, à des solutions plus radicales - dont certains rêvent à l’extrême droite - d’une déportation massive des musulmans hors de France, voire d’Europe. Et qui sait, davantage ?

Il ne s’agit pas de jouer les Cassandre mais plutôt d’essayer de concilier la vie en société entre personnes qui ont des références et valeurs différentes (mais pas nécessairement inconciliables) car le multiculturalisme est une réalité qui s’impose à nous. Le temps où tout le monde avait les mêmes références culturelles est révolu (si tant est qu’il ait jamais existé et il y beaucoup à dire sur la propagande du « roman national ») et les principes libéraux de la République permettent d’harmoniser tout cela pour vivre en bonne intelligence. Mais il faut en tout état de cause en finir avec un discours faux d’une République qui serait intrinsèquement antireligieuse : la République est neutre à l’égard du fait religieux et c’est donc sur un autre fondement que les partisans de la laïcité, envisagée d’un point de vue antireligieux (quand il ne s’agit pas tout simplement d’une confusion pure et simple avec l’athéisme) ou identitaire (donc spécifiquement antimusulman), doivent se placer et cela implique une logique de soumission d’une large partie de la population, une logique du « eux » contre « nous » qui ne dépareille pas dans les rangs d’un mouvement d’extrême droite comme Riposte laïque - pourtant fondé par d’anciens militants de la gauche - mais qui pose problème par ailleurs en raison du principe d’égalité.

On peut être d’accord avec l’affirmation selon laquelle l’État n’a pas pour but d’exacerber les réflexes communautaires et d’enfermer les gens dans une assignation identitaire de laquelle ils ne pourraient pas s’extraire, la République - dans sa réalité juridique - donnant précisément le choix à l’individu de s’émanciper. Mais elle n’impose certainement pas une façon d’être, une identité officielle et figée qui dépasse les normes objectives qui régissent la vie en société (qui ne se confondent pas avec lavis versatile de ce qui est qualifié dopinion publique). Le paradoxe majeur – qui ne semble pas vraiment transparaitre - serait donc de prétendre défendre l’héritage libéral de la République, dans une optique teintée de conflit des civilisations, avec des armes venant écraser les droits fondamentaux dont la protection est pourtant une mission essentielle de cette République. Et si dans un premier cas, il est question d’une minorité religieuse, il n’est pas exclu que sur ce terrain glissant, on finisse par exiger la neutralité de l’espace public en matière d’opinions philosophiques et politiques. Dans cette situation, gageons que les grandes âmes touchées dans leur conscience, sauront très certainement se mobiliser contre l’autoritarisme de l’État… En d’autres termes, on est potentiellement l’autre de quelqu’un. C’est pourquoi la liberté doit notamment protéger cette altérité car l’égalité du point de vue républicain ne signifie pas l’uniformité ethnique ou culturelle mais l’égalité de jouissance des droits par les citoyens, dans toute leur diversité. Le « vivre ensemble » saura bon an mal s’en accommoder (s’il ne le fait déjà pas, malgré les apparences médiatiques), comme l’affirme Claude Askolovitch dans « Nos mal-aimés » (Grasset, 2013). Pour peu que l’on cesse de monter en épingle des « affaires » où la laïcité est instrumentalisée par un pouvoir politique déconsidéré, trop heureux de trouver là un exutoire bien pratique aux crises traversées par la société.

Art. 2.- Les écoles primaires publiques vaqueront un jour par semaine, en outre du dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s’ils le désirent, à leurs enfants, l’instruction religieuse, en dehors des édifices scolaires.

Loi du 28 mars 1882 sur l’enseignement primaire obligatoire, Journal officiel du 29 mars 1882.

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J
Je partage cette analyse fine et raisonnable dun sujet outrancièrement instrumentalisé au mieux par des ignares ou pire par des apprentis sorciers opportunistes pour lesquels la laïcité n'est pas une valeur républicaine mais un marche pied voir un paillasson électoral. Sur le plan historique quelques précisions de plus sur la loi de 1905 et son application par les pères de la laicité républicaine pour aller dans le sens de cet article utile : l’application de l’article 3 relatif aux biens mobiliers et immobiliers de l’Église, effectuée avec maladresse par le service des domaines, aura des conséquences inattendues. À la suite de l’ouverture des tabernacles au moment des inventaires, on accuse l’administration de profanation du lieu sacré où réside le corps du Christ. L’ordre est donné à la troupe d’intervenir. Des officiers donnent leur démission. Il y a un mort au cours d’une manifestation. Le gouvernement Rouvier est contraint à la démission. Clémenceau, nouveau ministre de l’intérieur quoique anticlérical, considère que « le recensement des cierges dans une église ne vaut pas une vie humaine ». Il décide de surseoir aux inventaires par mesure d’apaisement.<br /> <br /> A. Briand au début de 1907 fait adopter une loi qui stipule que « à défaut d’associations cultuelles, les édifices affectés à l’exercice du culte continuent à être laissés à la disposition des fidèles et des ministres du culte pour la pratique de leur religion ».<br /> <br /> L’application de la loi de Séparation sera dans l’ensemble bienveillante. Le Conseil d’État en s’appuyant sur l’article 4 va jusqu’à confirmer l’affectation d’une église au curé nommé par l’évêque, et non au curé qui, contre l’avis de l’évêque, a constitué une association cultuelle conformément à la loi ! Il faudra attendre 1921 pour que les relations publiques avec le Vatican soient rétablies. En janvier 1924 Pie XI accepte la création d’associations diocésaines à la place des associations cultuelles. Par ce biais l’Église ne dépend plus de la tutelle éventuelle des laïcs.<br /> À certains égards, du fait de l'histoire il faut bien considérer que la loi favorise davantage l’Église catholique que les autres religions et de nos jours à bien des égards certains "nouveaux émules" de la laicité n'ont que la volonté de préserver - à l'heure du recul persistant du fait réligieux en France quoiqu'en laisse penser les manifestations bruyantes de quelques désespérés intégristes de la foi fédérant autour d'eux quelques affolés de l'identité française , ces français peu confiant dans leur nation et tout simplement peureux au lieu d'être fiers - Lorsque que la séparation fut faite. Clémenceau accusera Briand et Jaurès de trahir la laïcité et les traitera de « socialo-papalins » lorsqu'ils auront par opportunisme encore trop d'égards pour les chrétiens que pour les autres religions et seront à ses yeux porteurs de déséquilibres s'opposant alors à l'égalité tout simplement .C'est que l'on oublie souvent les batailles pour l’article 31 qui interdit toute pression de quelque nature que ce soit en vue d’exercer ou de s’abstenir d’exercer un culte. L’article 32 interdit d’empêcher, de retarder ou d’interrompre les exercices d’un culte.L’exercice public du culte reste lié à un libre choix individuel. L’article 34 interdit aux ministres du culte d’outrager ou de diffamer en public un citoyen chargé d’un service public. L’article 35 interdit les discours ou les écrits qui tendent à résister à l’exécution des lois ou des actes légaux de l’autorité publique. Les contrevenants s’exposent alors à des amendes correctionnelles et, éventuellement, à des peines de prison. - Lors de la loi sur le "mariage pour tous" on peut se demander pourquoi ces dispositions ne furent pas souvent citées dans les médias car quoique appliquées, mieux expliquées elles l'auraient été peut-être avec moins de différences et d'indifférence selon les territoires laissant accroire à l'impunité retrouvée des congrégations contre l'esprit de 1905...Clémenceau résumait assez bien cet esprit en écrivant : « Je suis fort si je puis convaincre, mais je suis déplorablement faible si je veux imposer. » C'est sans doute pour cela que président du conseil peu susceptible d'être convaincu de cléricalisme mais défenseur farouche et de la liberté d'expression , de l'égalité, et prévoyant les risques dans le tout-état du renforcement criminel des intégrismes, des sectarismes religieux ou politiques subjuguant un temps les foules pour fabriquer monstruosités des totalitarismes qui naitront bien après lui de gauche ou de droite ou dans tel état religieux, c'est pourquoi, Clemenceau autorisera rue des rosiers l'école le jeudi et sa fermeture le samedi pour donner aux juifs la même souplesse organisée pour les catholiques et qu'aux problèmes posés par les repas dans les écoles - déjà - qui n'est pas un temps scolaire donc régalien ayant la même exigence que la neutralité publique de la classe faut-il le rappeler mais une pause sous l'autorité des maires, avec sagesse il évoquait la différence entre donner un choix respectueux de l'intimité de chacun en conscience ( donner une liberté) et non par des manifestations de refus opposer tel ou tel à l'école républicaine ( réduire les libertés par discrimination - a-t-on le choix du poisson le vendredi ...) , sans pour autant concéder aux produits rituels, on le comprend quand Clémenceau face à cela déclarait en substance qu'ils mangent ce qu'ils veulent la Laïcité n'est pas dans les assiettes... Jules Ferry, déjà, dans son discours du 9 juillet 1876 à la loge maçonnique Clémente Amitié, où il avait été initié, déclarait : « La morale sociale a ses garanties, ses racines dans la conscience humaine, qu'elle peut vivre seule, qu'elle peut enfin jeter ses béquilles théologiques, et marcher librement à la conquête du monde. » et cette prévention héritée des lumières fut l'objet de la plupart des grands texte sur l'école depuis le XVIII eme siècle où l'école prend alors son sens de lieu de formation du futur citoyen, avant Jules ferry c'est ce qui irrigue aussi le sens de l'action de Léon Gambetta, chef de file du parti républicain qui affirmait : « Non, nous ne sommes pas les ennemis de la religion, d'aucune religion. Nous sommes, au contraire, les serviteurs de la liberté de conscience, respectueux de toutes les opinions religieuses et philosophiques. » tout comme Edgar Quinet l'expliquait dans L'Enseignement du peuple en 1849 : « Pour que la société subsiste, en dépit des contradictions entre les Églises diverses, il faut bien qu'il y ait un lieu où les jeunes générations apprennent que, malgré ces différences éclatantes de foi et de dogme, tous les membres de cette société font une seule famille. Or ce lieu de méditation où doivent s'enseigner l'union, la paix, la concorde civile, au milieu des dissentiments inexorables des croyances et des Églises, c'est l'école laïque. » Ainsi, l'islamophobie sous-jacente de certains maire flattant les dérives d'une partie de l'opinion publique , tout en participant de renforcer des discriminations positives pour les catholiques dans l'exercice de la laïcté au nom d'une primauté culturelle qui piétine les principes d'égalités et favorise la remise ne cause des lois de 1905 y compris au bénéfice de ceux avec qui elle est appliquée avec plus de mansuétude sont-ils à mes yeux des agents de la remise en cause par une hyper-laicité coupable qui réduit les liberté privées par une extension dangereuse des libertés publiques, jusque dans les assiettes des enfants pour qui le raps est le lieu des "copains" littéralement de ceux qui partagent le pain, moment ô combien privilégié de l'apprentissage des différences dans l'indifférence conviviale du repas et du partage des cultures, là où la loi de 1905 ne demande qu'à traiter également à présent chacun des cultes comme la non-croyance, et de ce fait ne fait qu'ouvrir, elle, des libertés pour tous ... vouloir réveiller des conflits religieux sur cette question dans notre pays à rebours de l'histoire à partir de tous les petits prétextes au lieu de porter les valeurs laïques à la hauteur de vue de l'idée républicaine est une faute politique autant que morale une concession faite aux intégristes , aux sectarismes qui signale que le gouvernement de la peur identitaire préside plus chez ces élus ( de droite souvent mais aussi parfois de gauche ) et leurs suiveurs que la défense de la République . A ces trouillards qui renforcent les adversaires de la laïcité et de la République, à ces opportunistes par cupidité électorale ou simples suivistes des idéologies dominantes par faiblesse, il faut bien opposer le calme rationnel et solide de la République, une et indivisible, défendue par nos compatriotes de toute confession ou sans. La laicité ce n'est pas ces débats de pleutres identitaires réduisant à des épiphénomènes montés en épingle, c'est une force tranquille fondée sur une histoire de plus de deux siècles qui a abouti à un état apaisé qui demeure encore ce socle commun que quelques couards veulent faire croire affaibli, servant ainsi des minorités agissantes et bruyantes au lieu de les cantonner et combattre à leur place réelle de marginaux dans notre société comme le montre si bien Michel Winock : http://www.histoire.presse.fr/dossiers/dieu-et-la-politique-le-defi-laique/comment-la-france-a-invente-la-laicite-01-07-2004-3726
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